L'histoire des grands magasins : Entre pionniers et nouvelles dynamiques

Les grands magasins au Cameroun ont une histoire qui remonte à plusieurs décennies, marquant une transformation progressive des habitudes de consommation à Douala et Yaoundé.

 

Les débuts : Pariscoa puis Printania  et Monoprix, les français naturellement
A la veille de l'indépendance, les enseignes Printania et Monoprix ont ouvert la voie à une nouvelle ère commerciale à Douala et Yaoundé. Ces grands magasins, dont la clientèle était surtout européenne, introduisaient le concept du libre-service et proposaient une expérience unique à une clientèle encore attachée aux marchés traditionnels.

 

Prisunic : l'éphémère pari de Théodore Bella
Au début des années 1980, l'entrepreneur Théophile Bella tenta de démocratiser le concept avec Prisunic, une chaîne ambitieuse qui visait à concurrencer les acteurs étrangers. Malheureusement, l'aventure fut de courte durée, victime de la crise économique et des défis structurels du secteur.

 

Grégoire Piwele, pionnier local à Bonabéri
À Douala, des entrepreneurs comme Grégoire Piwele se sont essayés à ce modèle - en ouvrant "Aux Bonnes courses" à Bonabéri puis, quelques années plus tard, à Bonapriso - montrant la volonté locale de rivaliser avec les grandes chaînes étrangères. Ces tentatives, bien que limitées dans leur impact, ont posé les bases d’un commerce plus structuré.

 

La valse des enseignes françaises

Au fil des années, certaines enseignes ont changé de nom ou ont été remplacées par d'autres. Par exemple, Printania est ainsi devenu Score qui a été rebaptisé Casino en 2008, ce qui témoigne d'une stratégie de rebranding visant à s'adapter aux préférences locales tout en maintenant une image de marque forte. 

 

Et pas mal d'échecs

Le secteur est naturellement marqué par de nombreux échecs.  Outre les deux premiers camerounais cités (T. Bella et G. Piwélé) qui n'ont pas fait long feu, des enseignes ont mis la clé sous le paillasson (Tati, Score de Douala, Ecomarché, etc.)

 

L’essor des Indo-pakistanais et l'ère Mahima et la résistance des grecs
A la fin du 20ème siècle, les commerçants indo-pakistanais, déjà bien implantés dans les quartiers populaires, ont franchi un cap avec l'ouverture de Mahima, un des premiers grands magasins à véritablement s'étendre en plusieurs points de vente. Leur modèle, combinant diversité de produits et prix accessibles, a inspiré d'autres initiatives.

Dans la même veine, les grecs d'Arno et Tsekenis ont bravé le temps. 

 

Une décennie de concurrence intense avec le retour des locaux et l'arrivée des chinois
Depuis une dizaine d'années, le quasi-monopole de MahimaCasino est brutalement remis en question. L’arrivée de nouvelles enseignes comme Super U chez Kadji Square, Spar, Carrefour, Grand Mall, Playce, Dovv, Santa Lucia, Niki, China Tesco et bien d’autres a transformé le paysage urbain. Ces acteurs rivalisent d’innovation et de taille pour conquérir une clientèle de plus en plus exigeante.

Aujourd’hui, les grands magasins ne se contentent plus de proposer des produits : ils sont devenus des pôles de loisirs, des lieux de socialisation, et des vitrines pour les produits Made in Cameroun, qui gagnent en visibilité.

 

Un marché en pleine mutation
Cette évolution témoigne d’une urbanisation rapide et d’un changement des comportements de consommation. Cependant, elle pose aussi des défis, notamment pour les petits commerces qui doivent rivaliser avec ces géants.